JIMMY BARNES : Hindsight (2014)

En ce moment, la mode est aux invitations discographiques. Prenez par exemple le dernier album de Johnny Winter. Sorti quasiment à titre posthume, ce disque s’est vu honoré de la présence d’invités prestigieux. Beaucoup d’autres artistes ont tenté cette expérience. Cela donne des résultats assez inégaux, en fonction de la notoriété de celui ou de celle qui invite. Evidemment, on a les invités qu’on peut. Et puis, cela dépend aussi des disponibilités de chacun. Et quelquefois, un duo enregistré par deux musiciens à des milliers de kilomètres de distance peut sonner « collage ». Mais la mode fait la loi !

Jimmy Barnes, l’Australien aux multiples galettes, sacrifie à la coutume actuelle et sort un CD avec une foule de convives. Je vous entends déjà émettre quelques réserves. « Jimmy Barnes ? Ouais… Boff… L’éternel troisième couteau du Rock. Celui qui n’a jamais décroché la timbale. Le Rocker Perdu. Etc… Etc… »

Attendez ! Ne vous barrez pas tout de suite, ça devient intéressant. Si je vous dis que Steven Van Zandt (qui a joué avec le Boss) a fait le déplacement, vous restez ? Oh, il a aussi invité des mecs de Journey ! Vous vous rendez compte ? Même Joe Bonamassa, avec sa tronche de premier de la classe, a lâché un solo sur cet album. Il y a encore beaucoup d’autres personnalités que je vous laisse découvrir au dos de la pochette. Alors, vous restez ? Laissez-moi vous présenter les moments forts de ce disque. « Lay Down Your Guns », avec son solo de gratte bien rock, et le solo « killer » du très hard « Good Times » devraient vous satisfaire. Je vous propose aussi « Ride The Night Away » qui oscille entre le big rock US et le style de Bryan Adams. Et puis « Stand Up », qui rappelle Mother’s Finest, sans doute à cause des parties de chant croisées avec Mahalia Barnes, la femme de Jimmy. Vous n’êtes toujours pas convaincu ? Vous aimez le rock FM mélodique? Alors, « I’d Die To Be With You Tonight”, “No Second Prize” et “I’d Rather Be Blind” (avec son solo à la 38 Special et la présence de Jon Stevens, l’ancien chanteur d’INXS) devraient vous convenir. Tout ça ne vous botte pas ? Je vois, vous êtes de l’ancienne école. Ecoutez donc « Stone Cold », un slow bluesy (comme le « Wrong To Cry de Point Blank) avec Joe Bonamassa qui envoie un bon solo. Il y aussi « When Your Love Is Gone », un autre slow teinté de soul, à mi-chemin entre Clapton et Tina Turner, dont le solo de slide mélodique enchantera vos oreilles. Vous n’oublierez pas non plus la slide déchirante de « The Other Kind », mélange de ballade pop et de new country. Mais j’ai aussi autre chose pour vous. Et du costaud ! D’abord, « Working Class Man » qui sonne un peu dans le genre Tom Petty, avec Jonathan Cain (le clavier de Journey) et Ian Moss (l’ancien complice de la période Cold Chisel). Ensuite, la ballade rock « Going Down Alone » avec Jonathan Cain et Neal Schon (le gratteux de Journey) qui balance LE solo de guitare percutant.

Avec tout ça, je vous rajoute d’autres solos de guitare bien rock, des arrangements chiadés et des refrains accrocheurs. Vous n’êtes toujours pas preneur ? Tant pis ! Les clients sont de plus en plus difficiles de nos jours. Encore une galette qui va finir dans l’arrière-boutique d’un disquaire halluciné. Pourtant, le vieux Jimmy a mis toutes les chances de son côté en jouant la carte de la diversité et de la qualité, avec beaucoup de titres susceptibles de passer en radio. Décrochera-t-il enfin la timbale ? Seul l’avenir nous le dira.

Olivier Aubry